hajm-e-sabz (l'espace vert)
DE LA PAUPIÈRE DE LA NUIT …

A Boyuk Mostafavi

La nuit déborde toute de présence.
Le fleuve, abreuvant les pieds des trembles, s'enfonce dans les lointains.
La vallée pleine de lune et la montagne si lumineuse
Que Dieu se fait visible.

Nous sommes là sur les hauteurs.
Les étendues s'estompent, les surfaces s'éclaircissent
Et la vue est plus claire que celle des nuits écoulées.
Tes mains m'offrent ce soir
Le bouquet vert d'un message.
Et tes haleines frissonnantes rayent doucement
La porcelaine de l'intimité
Tandis que nos pulsations communes se déversent sur les roches.
Un vin vieux comme le temps a déjà agité
Le sable de l'été dans nos veines,
Et l'émail de la lune se fige sur tes gestes hiératiques.
Ô toi la merveilleuse, ô Toi la délivrée, ô Toi l'Être digne de la terre.

La halte verdoyante de la vie rejoint l'air des montagnes.
Les ombres reculent pas à pas.
Et sur la route de la brise persistent encore
Le frémissement des menthes qui s'agitent,
La confusion des extases qui s'entremêlent.